Le dernier recensement national du cheptel mauritanien, publié le 26 mars 2025 par le ministre de l’Élevage, a révélé des chiffres impressionnants : la Mauritanie compte aujourd’hui 29 339 913 têtes de bétail, réparties entre bovins, camelins, ovins et caprins. Cette enquête, conduite en partenariat avec l’Agence Nationale de la Statistique et de l’Analyse Démographique et Economique (ANSADE) et des institutions internationales, souligne une hausse notable de près de 4 millions de têtes de bovins et une progression spectaculaire de 27 % du cheptel camelin.
La répartition géographique confirme le rôle prépondérant de certaines régions dans la dynamique pastorale nationale. Le Hodh Charghi concentre 33 % du cheptel, suivi du Hodh Gharbi avec 13 %, puis du Trarza avec 12 %, tandis que les autres wilayas pastorales se partagent le reste. Près de 45 % du cheptel est en situation de transhumance, dont 30 % au-delà des frontières nationales, illustrant la forte mobilité des éleveurs et l’importance du pastoralisme extensif dans l’économie nationale.
Malgré cet immense capital animal, la transformation industrielle et l’exportation de viande restent embryonnaires. Les exportations officielles de viande, principalement sous forme brute, demeurent marginales alors que la demande internationale, notamment pour la viande halal et biologique, est en forte croissance. Selon les données du marché, la consommation de viande halal progresse de 6 % par an au niveau mondial, et le marché mondial de la viande bio est estimé à plus de 18 milliards de dollars avec une croissance annuelle de près de 8 %.
Pour les investisseurs étrangers, plusieurs opportunités concrètes se dessinent. La première consiste à investir dans la création d’abattoirs industriels certifiés halal et bio, capables de répondre aux standards internationaux en matière de qualité, de traçabilité et de bien-être animal, exigés par les marchés du Golfe, de l’Europe et de l’Afrique du Nord. À ce jour, seules quelques unités modernes existent en Mauritanie, avec des capacités largement inférieures au potentiel disponible. Un abattoir moderne capable de traiter 10 000 tonnes de viande par an pourrait rapidement devenir un acteur régional majeur.
Une autre opportunité réside dans le développement d’unités de transformation pour valoriser la viande autrement que sous forme brute. La production de viande séchée naturelle, de charcuteries halal bio, ou de viandes prêtes à consommer sous vide ouvrirait l’accès à des segments haut de gamme très demandeurs de produits éthiques et naturels. Actuellement, la Mauritanie reste à l’écart de ce créneau, offrant un avantage compétitif pour les investisseurs pionniers.
L’amélioration de la logistique frigorifique constitue un troisième axe d’investissement. Le pays dispose de ports en eaux profondes à Nouakchott et Nouadhibou, mais souffre d’un manque criant d’infrastructures de chaîne du froid adaptées à l’exportation de denrées périssables. Développer une chaîne du froid performante, connectée aux infrastructures portuaires, permettrait d’assurer la qualité sanitaire des exportations et de conquérir des marchés exigeants.
Enfin, la création d’un label qualité “Viande naturelle et bio de Mauritanie”, certifié halal, biologique et respectueux des pratiques traditionnelles pastorales, représenterait un atout stratégique pour positionner la viande mauritanienne comme un produit unique. Avec le soutien affiché des autorités et une politique volontariste en matière de certification et de valorisation des produits agricoles, ce projet pourrait bénéficier d’incitations fiscales et d’appuis institutionnels majeurs.
La Mauritanie dispose aujourd’hui d’un potentiel exceptionnel pour devenir un exportateur reconnu de viande naturelle, bio et halal. Pour les investisseurs capables d’apporter technologie, capital et expertise, les opportunités sont considérables, stratégiques et parfaitement alignées avec les tendances mondiales de consommation responsable.